Qu'apporte la nature urbaine au
cerveau humain ?
Pourquoi l'homme s'est-il isolé de la nature ?
Au début de son histoire l’homme était une espèce vulnérable. C’est sa ruse, ses outils qui lui ont permis de chasser d’autres espèces plus vigoureuses que lui. Alors au cours de la Révolution Néolithique qui a eu lieu il y a entre 10 000 et 6 000 ans, il a commencé à se déconnecter du système qui le faisait vivre. Ses outils lui octroient une puissance de plus en plus importante, à ses yeux la nature devient un stock dont les ressources sont davantage aisées à acquérir et utiliser (J.P. Demoule par P. Barthélémy, 2017).
Les comportements humains qui ont mené à la destruction de la nature peuvent s’expliquer par les besoins qui les régissent. Abraham Maslow hiérarchise ces besoins sous la forme d’une pyramide, chaque besoin ne pouvant être satisfait que si le précédent l’a été. À la base de cette pyramide, le besoin de survie conditionne l’homme à voir en la nature une source de satisfaction des besoins primaires (dormir, manger…). Le besoin de sécurité incite ensuite à se protéger, à limiter les risques, ce qui conduit à anéantir les potentiels dangers, à stocker ce qui pourrait s’épuiser. Le besoin d’estime peut aussi créer chez l’homme un désir de supériorité sur la nature. Les besoins d’appartenance et d’accomplissement peuvent conforter l’homme dans son impression d’indépendance vis-à-vis de la nature auquel cas il se sent appartenir uniquement au genre humain et à différents groupes sociaux ; pour d’autres, ces besoins peuvent révéler un sentiment d’appartenance à un tout, à la terre, un besoin de se lier à la nature pour s’accomplir (P. Guérin & M. Romanens, 2015). Poussés par ces besoins, l’homme n’a eu de cesse de chercher plus d’efficacité, de rendement, de sécurité, de confort…
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L'homme s'est peu à peu éloigné de la logique du vivant, et bien que nous soyons de plus en plus confrontés aux répercussions humaines et environnementales de ce modèle, il nous est encore difficile de nous défaire d’un fonctionnement tant ancré dans les mœurs.
Quelles conséquences sur le cerveau ?
Longtemps, nous avons supposé que notre bien-être était un état psychique et physique dépendant d’une bonne situation sociale et professionnelle (L. Garnier, 2019). Le déni quant à l’incidence des maux de l’environnement sur notre psyché semble persister. Pourtant des manifestations d’un malaise social se multiplient. Plusieurs études le prouvent aujourd'hui : la nature est bénéfique au cerveau humain. Les personnes vivant à proximité d'espaces verts en ville seraient moins stressées que celles disposant d'un environnement très minéral. Mais alors pourquoi ?
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Il s'avère que les stimulations liées à l'environnement urbain, comme les bruits de voitures, les lumières, la foule... activent l'amygdale : une zone du cerveau associée au stress, à l'anxiété ou à la peur. On constate que cette zone est bien moins activée chez les personnes entourées de verdure. L'une des raisons qui explique ce phénomène n'est autre que les limites de capacité d'adaptation du cerveau humain. En effet, bien que capable d'évolution, notre cortex met beaucoup de temps à se développer que l'environnement ne se transforme. Sans compter le fait que les stimulations visuelles et auditives sont bien plus importantes en ville qu'en campagne et ont tendance à provoquer une sensation d'épuisement chez l'homme.
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À contrario, la nature stimule le système de récompense du cerveau, zone associée au plaisir. Un environnement naturel active également grandement le cortex humain, les feuilles des arbres sont par exemple bien plus complexes à analyser visuellement que ne le sont les fenêtres des bâtiments. Mais l'exercice cérébral que cela déclenche des réponses émotionnelles positives et permet l'apaisement de l'observateur.
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Finalement, la nature ne joue pas seulement un rôle d' "anti-stress", mais aussi de stimulateur intellectuel, perverti par la simplification de l'environnement urbain. Il est primordial de reverdir les villes dans un souci de bien-être mental et de stimulation cérébrale.