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Les villes intelligentes, profitables ou préjudiciables à l'environnement ?

Image de Denys Nevozhai
Image de Denys Nevozhai

À quels enjeux tentent de répondre les villes intelligentes ?

La ville n’est pas qu’un espace physique mais un ensemble d’interactions entre les individus et entre les espaces, et où ces interactions évoluent constamment.

Entre 1960 et 2019, selon la banque mondiale, on est passés de 33% de la population mondiale qui vivait en ville à presque 56%. Et il est important de prendre en compte l’hétérogénéité de l’urbanisation en fonction des pays, le taux est notamment bien plus élevé dans les régions industrialisées. Par exemple en France il est de 80% en 2019.

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Alors forcément les conditions de vie dans les villes évoluent au rythme de leur expansion et de leur densification. Le trafic urbain est de plus en plus intense, l’air est pollué, la consommation énergétique des villes est considérable, aujourd’hui on peut aussi dire que les épidémies peuvent se propager plus vite du fait de la proximité entre les habitants en ville… Tout cela engendre à la fois une détérioration du cadre de vie pour les habitants, et des conséquences environnementales importantes.

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Ces éléments sont déjà visibles aujourd’hui et posent de nombreux problèmes, notamment de santé, de bien-être et des problèmes écologiques, alors comment les villes vont faire face à des populations qui seront encore plus importantes demain et qui exacerberont ces problèmes ? Il faudrait que ces villes soient capables d’accueillir durablement la population dans de bonnes conditions, tout en minimisant l’impact sur l’environnement. Il faudrait changer de paradigme.

Parallèlement aux difficultés environnementales, sanitaires ou de confort auxquelles font face les villes, on observe dans notre société, une explosion de l’industrie du numérique. Elle croît à une vitesse exponentielle. Ces technologies sont aussi de plus en plus pointues, des géants du numérique comme Google ou Facebook sont capables de traiter des données collectées à grande échelle grâce à des algorithmes complexes. En Occident deux grandes entreprises, Cisco et IBM, y ont vu l’opportunité de faire converger ces technologies avec la nécessité de transformation des villes en des modèles plus durables.

Elles ont proposé de rendre nos villes intelligentes ou de smart cities, en mettant les technologies de l’information et de la communication, au service des villes, Le but serait que les villes  soient plus écologiques, plus confortables et surtout plus durables.

Le concept se base sur l’idée que les technologies ont des capacités d’accumulation et d’analyse de données nettement supérieures à celles de l’homme. Ainsi, ce que nous ne sommes pas en mesure de gérer efficacement en raison des limites du cerveau humain, on le délèguerait aux machines.

 

Le principe est de collecter des données sur le fonctionnement de la ville et de ses habitants, par le biais de capteurs qui seraient placés à plusieurs endroits stratégiques de la ville. Les informations seront utilisées pour optimiser la gestion de la ville et de ses ressources. 

La question reste de savoir si l’application concrète des villes intelligentes peut être durable pour rendre service à la ville sans compromettre la sécurité et l’humanité de la société.

Quel intérêt pour l'environnement ?

Le premier avantage que peuvent conférer ces données ouvertes à la ville, c’est la propulsion de l’innovation et la croissance économique. Prenons comme exemple la ville de Barcelone, elle compte actuellement plus de 5 millions d’habitants, entrainant les problèmes évoqués dans l’introduction.

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La ville a mis en place un grand nombre d’objets connectés dans l’espace urbain dans un but d’améliorer le cadre de vie des barcelonais. Les technologies ont pour objectif principal de limiter les dépenses énergétiques inutiles. Ce qui a impulsé l’innovation à partir des 19 500 capteurs placés dans la ville. En effet rapidement des applications mobiles ont vu le jour, par exemple pour connaitre l’emplacement des places de parking non occupées, pour payer le stationnement en ligne et même le réserver en avance.

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Ce qui a eu comme conséquence directe de limiter les embouteillages, diminuer la pollution, la consommation énergétique. À part pour le trafic, des technologies ont aussi été conçues pour gérer l’arrosage des pelouses en fonction des pluies, affiner la gestion des déchets, des lampadaires sont capables de détecter la pollution, le bruit et les bouchons, etc. Cela a rapporté quelques 10aines de millions d’euros à la collectivité et a créé 47 000 emplois. Le fait que les consommations en matière d’énergie ou d’eau aient été optimisées, les pertes limitées, la durée de vie des composants (comme les LED pour les lampadaires) rallongée constitue un moteur de croissance important pour la ville. Et les systèmes intelligents mis en place créent de nouveaux besoins de supervision, et donc créent des postes.

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La ville de Copenhague qui compte 1,2 millions d’habitants, est considérée comme une ville intelligente verte. En 2009, Copenhague était la ville d’accueil pour la conférence sur le changement climatique, la COP15. À partir de cette date, la capitale danoise a décidé de faire évoluer son territoire dans le sens du développement durable, en posant comme objectif : devenir neutre en carbone en 2025.

La ville a mis en place de nouvelles infrastructures comme des pistes cyclables qui permettent aujourd’hui à 12 000 personnes d’y circuler chaque jour. Mais comme Barcelone, pour rendre sa stratégie plus efficiente, Copenhague a mis au point un système d’objets urbains connectés. C’est notamment le cas des poubelles, disposant de capteurs pour optimiser la circulation des camions, qui ne passent que lorsque cela est nécessaire. Les lampadaires sont aussi dotés de capteurs pour adapter l’éclairage à la densité du trafic, ou de ne se mettre en marche qu’à l’approche d’un véhicule. Ce qui fait aussi l’objet de projets de certaines start-up en France.

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Lyon est aussi un exemple de ville intelligente qui se veut verte, elle a investi 340 millions d’euros pour permettre la transition de la ville. Le quartier qui fait surtout l’objet de procédés intelligents c’est Confluence, considéré comme éco-quartier. 3 bâtiments de Confluence, appelé l’îlot Hikari produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, grâce à des panneaux photovoltaïques sur les façades et le toit, à des procédés géothermiques et à l’utilisation d’huile de colza pour le générateur. Cela leur permet de consommer près de 60% de moins d’énergie qu’un bâtiment normal. D’autre part Lyon est aussi à l’initiative d’une gestion intelligente du territoire, avec par exemple la mise en place du système Linky. Ce sont des compteurs électriques intelligents, communicants. Ces compteurs permettent de mesurer la consommation énergétique des foyers à distance et ils donnent accès à l’utilisateur à toutes ses données par heure ou par demi-heure gratuitement, ainsi il est capable de gérer lui-même sa consommation énergétique, voir quels sont les appareils qui consomment plus et ceux qui sont moins énergivores.

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Bien que tous ces résultats soient probants, le concept de ville intelligente est controversé, il présente certaines limites. Notamment parce qu'il s'appuie sur les technologies, fortement préjudiciables à l'environnement...

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